Notre Président a présenté ses vœux sur le Plateau de Saclay. La Recherche (chercheurs ?) et l’Innovation sont censées être à l’honneur, dans cette Grande Ecole d’Ingénieurs où il se trouve (Supelec).
Mais dans le même temps, il casse la filière de formation scientifique au Lycée (mais, ne protestez-pas, c’est pour votre bien): « On doit être dans la filière sciences parce qu’on a envie de faire des sciences, pas parce que c’est la filière où les bons élèves se trouvent« . L’excellence au niveau de la culture générale deviendrait-elle interdite aux élèves ayant un profil plutôt scientifique ? Barrer la réflexion sur la finalité des sciences à ceux qui les développent ? Ou faut-il éloigner les bons élèves des sciences ? Vengeance d’ancien cancre rétif aux sciences et à la pensée conceptuelle ?
Il confirme sa décision d’imposer (de facto) un quota de boursiers dans les Grandes Ecoles, cassant de fait ce qui est une de leurs caractéristiques, la sélection à l’entrée.
Il parle de son « Grand Œuvre » du plateau de Saclay, et nous balance des milliards (?) du Grand Emprunt (noter le répétition du lot « grand » dans son vocabulaire): « Je suis heureux de le rappeler ici, à Saclay, où nous allons faire le grand campus que je m’étais engagé à mettre en œuvre. Voilà trente ans qu’universités, grandes écoles et organismes de recherche prestigieux rejoignent ces lieux les uns après les autres, sans que jamais leur installation ne s’intègre dans la cohérence du reste du site. Désormais les synergies entre établissements seront organisées, pour faire du plateau de Saclay un campus de rang mondial, à la hauteur de nos ambitions pour le Grand Paris. Ce sera possible grâce au grand emprunt puisque nous allons consacrer, ici, directement un milliard d’euros à l’opération du plateau de Saclay, sans compter les 850 millions de l’opération campus. Près de 2 milliards d’euros investis ici pour que ce rêve devienne une réalité. »
La fin des ingénieurs ?
Comme l’analyse le « Blog économique et social »
« Les ingénieurs d’hier, qui avaient considération et haut niveau de vie, sont aujourd’hui dans la même posture qu’étaient les ouvriers il y a dix ans : ils sont pressurisés, menacés et finalement délocalisés. Nous ne comptons plus les grandes entreprises qui, discrètement, ouvrent des centres de recherches dans les pays de l’Est, au Maghreb ou en Asie. Cet aspect n’est pas médiatisé. Ceux qui sont aujourd’hui encore employés en France subissent tous les jours cette violence que constitue l’ouverture progressive, sous leur nez et avec leur coopération forcée, de ces centres. »
« Cette semaine le président, dans son discours sur le supérieur et la recherche est resté plus neutre dans son langage mais la démonstration d’autosatisfaction de sa politique sur le sujet montre bien que le gouvernement n’a rien compris aux enjeux que nous évoquons ici. Le fait que « les sciences connaissent une certaine désaffection, parmi la jeune génération » est évoqué par le président sans qu’il n’en tire les conséquences. Voilà pourquoi la France est très mal partie pour affronter la grande tempête que qui nous attend. L’époque de « en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées » est bien loin. »
J’aime bien l’image des ingénieurs « pressurisés », sans doute pour permettre à leurs interlocuteurs de les suivre sans danger dans les très hautes altitudes de leur réflexion conceptuelle, là où l’air se raréfie.
Evidemment, l’auteur du discours voulait dire « pressurés ». Mais qui sait encore écrire le français dans l’entourage du président Sarko ?