Les raisons de la colère

Le cluster du Plateau de Saclay a pour objectif de favoriser le développement économique par l’innovation.

La concentration des universités, des établissements de recherche et d’entreprises sur un territoire restreint est censé favoriser l’émergence d’idées créatrices grâce à l’effet « cafeteria » (échanges pause-café ou séminaires).

Grâce à ce projet, nos universités et grandes écoles verront leur attractivité augmenter, leur classement « Shanghai » progresser et les étudiants étrangers viendront participer en nombre au développement de la science et de la technologie française.

Etudiants étrangers: dehors !

Et bien non. Car cela n’intéresse pas la France. Malgré les protestations des Présidents d’Université, les étudiants étrangers seront priés de rentrer dans leur pays d’origine, ou de se rendre dans un pays davantage intéressé par leur potentiel et leur savoir.

La Conférence des présidents d’université (CPU) a jugé hier que la circulaire du 31 mai du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, visant à réduire l’immigration professionnelle était « très grave » pour les universités françaises et le devenir des étudiants étrangers en France. La CPU s’inquiète que les diplômés de master ou de doctorat se voient empêcher de commencer leur vie professionnelle en France et propose que l’autorisation provisoire de séjour soit allongée à un an contre six mois aujourd’hui.  (Source: Les Echos)

Comprenne qui pourra !

Favoriser l’innovation ?

Autre pierre d’achoppement: la recherche-développement dans le secteur automobile.

Dans le « champ » du cluster « Paris-Saclay » se trouve un pôle de compétitivité dédié à l’industrie automobile, Movéo. L’Etat et les collectivités territoriales y investissent beaucoup. Situé en grande partie sur le secteur de Satory (près de Versailles), avec des implantations en Vallée de Seine (vers Poissy et Flins), les activités de recherche sont proches de centres de PSA à Vélizy et de Renault à Guyancourt.

Mais voilà. Nos constructeurs ont des ambitions internationales. Et comme pour Alcatel-Lucent en son temps, les implantations en Chine et dans les autres BRICS apparaissent aux dirigeants et actionnaires comme la clé de nouveaux marchés. Quitte à effectuer des transferts de technologie. Et voilà que PSA sabre dans ses équipes de Recherche-Développement en France pour les délocaliser.

Les chercheurs, techniciens et ingénieurs vont devoir se reconvertir. Sans doute pas dans le secteur où ils sont les plus compétents. Peut-être pas dans les domaines à haute valeur ajoutée technologique.

Et sûrement avec encore davantage de précarité: les suppressions de postes concernent « 2 200 prestataires en recherche et développement (R & D) ». Si les sociétés de conseil en ingénierie sont souvent qualifiées de « marchands de viande », il doit y avoir quelques raisons. Mais pour PSA, cela n’est pas un problème. Pour Eric Besson non plus d’ailleurs.

Ainsi la France abandonne son savoir-faire dans le secteur automobile !

Ce n’est pas ainsi que nous pourrons améliorer notre compétitivité et la balance du commerce extérieure.

Mais vous aller toujours trouver un quidam vous expliquer que ce n’est pas grave. Que les activités stratégiques (finances et marketing sans doute) restent localisées en France, que le savoir-faire de PSA n’est pas de concevoir ni de construire des voitures, mais de les vendre à un marché ciblé.

Alors, devant l’abandon de nos compétences et de notre industrie, face aux double-discours,  la colère trouve ses raisons.

 

Trop dépendant de l’Europe et de l’entrée de gamme, PSA réduit ses coûts (Le Monde)

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