Notre position sur l’OIN Plateau de Saclay (Avril 2009)

Présentation des questions posées par le projet actuel et propositions du Mouvement Démocrate (par le groupe de travail OIN 78-91)

Un projet sans contours fixes

Le gouvernement entretient un flou volontaire autour de cette opération. Malgré les multiples présentations du projet, se posent en effet toujours un nombre impressionnant de questions, sur des sujets plus essentiels les uns que les autres

Les questions de fond demeurent

Objectifs de l’Etat et risques encourus

Une meilleure position dans un classement, celui de Shanghai ? Est-ce vraiment l’essentiel ?

Qui va financer cette opération estimée à 3 milliards d’Euros réalisée au détriment de la qualité de vie, de l’environnement, et de la biodiversité : l’Etat ou les collectivités locales ?

Faut-il continuer à concentrer encore plus la recherche sur un territoire déjà favorisé mais qui manque cruellement de structures de facilitation économiques et de facteurs d’émulation ?

Quel impact cette solution, contraire à l’esprit de la loi de décentralisation tout autant qu’à celle du Grenelle de l’environnement, va-t-elle avoir sur nos communes et sur notre territoire en général ? Qui est concerné : 49 ou 27 communes ?

Pourquoi et comment est-on passé de la création de 150 000 logements dans le projet initial, à 35 000 aujourd’hui ? Le chiffre initial a-t-il vraiment changé ou a-t-on juste réduit le périmètre considéré ? Quelle surface exacte de terre cultivable (SAU) sera sanctuarisée et sous quelle forme ?

Quel échéancier et quelle planification ?

Quel phasage ? Au bout de combien d’années ce projet sera-t-il finalisé ?

Que vont devenir les bâtiments désertés par l’Université d’Orsay ? Qui va devoir assumer les frais de réhabilitation des locaux non entretenus depuis de nombreuses années ? Comment ne pas craindre alors de fortes pressions des promoteurs immobiliers français et étrangers qui trouveront là une véritable aubaine à travers les PPP (partenariat public privé) ?

Quels transports verront le jour ? Un métro, qui ne ressemble pour l’heure qu’à un simple trait de crayon, dessiné depuis les bureaux de la technocratie ministérielle ? A quel moment les réseaux de transports seront-ils mis en place ? Avant ou après l’implantation des logements ? Comment les engins agricoles pourront-il traverser un tel maillage de transports lourds ?

A l’heure d’un lancement imminent, le moins que l’on puisse dire est qu’il est inadmissible qu’autant d’incertitudes existent encore.

Une gouvernance inacceptable :

Un établissement public d’une nouvelle forme juridique va nous être imposé. Sa composition reste très vague mais pourtant nous savons d’ores et déjà qu’il laisse une place quasi inexistante aux élus locaux. Les décisions se font sans concertation aucune avec le terrain. Ni avec les collectivités territoriales, ni avec les élus ou les associations, encore moins avec les citoyens des territoires concernés (agriculteurs compris) qui savent à peine ce qui se prépare.

S’octroyant tous les droits, l’Etat prend la main sur toutes les décisions d’aménagement dans le périmètre de l’O.I.N. et dépossède les communes et communautés d’agglomération de leurs compétences fondamentales en la matière.

Difficile par ailleurs de comprendre qui pilote réellement les opérations : Nicolas Sarkozy ? Le gouvernement ? Christian Blanc ? Valérie Pécresse ? Chacun semble jouer sa carte personnelle avec des objectifs divergents !

Comment peut-on aujourd’hui encore bafouer les règles élémentaires du fonctionnement de notre démocratie ?

Le projet actuel ne répond pas aux besoins des Français. Il ouvre la porte au bétonnage, aux promoteurs, à l’augmentation de la dette publique.

Il est illusoire de croire qu’en déplaçant l’Université d’Orsay de la vallée sur le plateau, cela résoudra le manque de liens diagnostiqué. Comment peut-on penser à déménager les étudiants sur le plateau lorsque ceux-ci disposent dans la vallée de l’accès à deux gares ? Cela coûtera très cher en construction, et préparera certainement de fait, une opération immobilière dans la vallée. Si ce déménagement satisfera un milieu économique qui aime le « bling-bling », il diminuera l’attractivité de cette Université en l’éloignant d’un accès facile de transport pour les étudiants.

L’importation du modèle américain est présentée comme une solution miracle au retard d’innovation de l’économie française. Une décision prise sans s’interroger sur la pertinence de cette transposition dans le contexte franco-européen. Sans se poser la question de savoir s’il est encore adapté à l’environnement technologique et économique actuel. Sans chercher les raisons qui freinent la création française dans ces domaines. Sans étudier ni analyser les spécificités françaises qui permettraient de créer des synergies gagnantes. En résumé, en imposant une solution qui n’a pour fondement que l’adage « ça a marché ailleurs ». Franchement léger pour un projet aussi gigantesque.

C’est un projet des années passées. C’est surtout un projet dépassé !


Les propositions du MoDem :

Nous souhaitons être une véritable force de proposition pour l’avenir de notre territoire.

Redonner la main aux acteurs locaux :

Que soient enfin impliqués dans un nouveau projet qui les concerne directement, habitants, agriculteurs, élus, associations, chercheurs, créateurs d’entreprises. Gageons que, mis en situation de réelle concertation, ils uniront leurs différentes approches pour trouver des solutions efficaces, évitant certainement une urbanisation inutile et illusoire.

C’est pourquoi le Mouvement Démocrate demande la saisine de la Commission Nationale du Débat Public.

Créer un véritable pôle scientifique d’excellence :

Sa force serait de mettre en lien l’ensemble des acteurs, de construire des structures facilitant la communication entre différents pôles de recherche (sans les empiler), les fédérant autour de thèmes communs, incitant la réflexion, les échanges et les débats, générateurs d’idées innovantes. Ce sont eux les seuls garants de la création d’une véritable synergie.

Ce pôle scientifique d’excellence dégagerait un schéma propre à créer en son sein un véritable dynamisme. Avec le choix de sujets prometteurs, innovants et soutenables et non la politique du « me too » poursuivie au niveau national qui consiste à défaire notre appareil scientifique, sans même en comprendre les atouts.

Transformer l’essai de l’excellence scientifique en résultats économiques :

Très logiquement et pour compléter ce deuxième axe, nous proposons un plan pour la transformation de ces résultats en activité économique nouvelle chaque fois qu’il est possible d’innover. Cela suppose de permettre à des créateurs de trouver toutes les conditions pour faciliter leur démarche : concentration des moyens d’aide, y compris juridique, proximité avec les laboratoires, vision du temps nécessaire, proximité des banques et de capitaux-risqueurs, aide au montage des dossiers, simplification des démarches administratives actuellement phénoménales actuellement en France. Cela suppose aussi un accord avec les communes environnantes pour qu’elles accueillent ces nouveaux-nés de l’économie lorsqu’ils se développent. La proximité emploi-travail entraine la diminution des transports au quotidien ! Alors que prévoir comme dans le projet actuel, le centre de vie à un bout du plateau et la zone d’activité à l’autre, c’est l’assurance de flux de transport importants. Pourquoi ne pas intégrer plutôt logements et bureaux au sein d’unités de vie pour réduire au maximum les « va et vient » et pouvoir envisager d’aller à son travail à pied ?

Développer de manière exemplaire transport et agriculture :

C’est également un axe fort de nos propositions. Cela passe par l’amélioration importante du système de transport existant en s’appuyant principalement sur les lignes du RER B et RER C. Elles ne demandent qu’à être rénovées et les financements sont disponibles. Cela passe aussi par la réalisation de transports en commun en sites propres cohérents et la création de systèmes de circulation douce entre plateaux et vallées.

Les terres du plateau de Saclay, drainées depuis Louis XIV, sont d’une qualité rare en Europe. Nous avons besoin d’une agriculture de proximité aux portes de la zone urbaine de Paris. Nous avons besoin d’une agriculture qui fournisse aux urbains des produits de circuits courts (création de coopératives de maraîchers, AMAP). Moins de distance entre le consommateur et le producteur, cela signifie moins de transports, et donc moins d’effet de serre. Notre axe est donc soutenable et conforme au Grenelle de l’environnement. Nous proposons donc de profiter de ces terres fertiles à proximité de centres de recherches pour installer des fermes pilotes de nouvelle génération fondées sur la « soutenabilité » : par exemple, utiliser la biomasse, pratiquer la culture du lin, du chanvre qui ne demandent aucun intrant et dont les débouchés couvrent l’alimentaire (Omega 3), la construction (excellents isolants) ou l’habillement (fibres textiles)…. Pourquoi vouloir urbaniser à l’aveugle un tel potentiel, résultat d’un acquis de tant de générations ?

Ces grands axes de développement en matière de recherche et d’économie sont donc possibles dans le respect de la nature environnante, et des activités rurales traditionnelles du plateau (agriculture, forêt).

Il faut densifier les pôles déjà urbanisés sur le plateau et en utiliser avant tout les réserves foncières existantes ou à rénover, au lieu de prendre la solution de facilité qui consiste à bétonner les terres agricoles actuelles.

C’est donc un autre projet qu’il nous faut. Un projet concerté ! L’alternative raisonnable, construisons-la ensemble !

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