Les idées fausses sur lesquelles repose la logique du projet de Saclay

Il est possible de créer une « Silicon Valley » française ou celui d’Oxford

Le modèle souvent défendu est celui du modèle américain de la « Silicon Valley ». En effet cette région a connu un fort développement et est aujourd’hui un pôle économique mondial de recherche et de création d’entreprises qui crée un tiers de l’innovation mondiale.

L’Etat pense pouvoir créer artificiellement les conditions du développement économique en permettant de regrouper dans les mêmes bâtiments, étudiants, chercheurs, et entreprises.

La proximité physique ne créée pas les conditions de l’innovation et du développement économique ! Elle en est la conséquence.

– En effet, la recherche et l’innovation s’effectuent désormais au niveau européen voir mondial, facilitées par l’essor des technologies de l’information et de la communication.

– La réussite de la « Silicon Valley » s’explique par un processus lent et complexe de rapprochement des acteurs économiques, centres de recherches, universités, favorisée par un contexte économique particulier.

La « Silicon Valley » pour le Plateau de Saclay, ou un « New York » à la française pour le Grand Paris sont des modèles culturels qui ne sont pas les nôtres, détruisant notre identité, notre mode de vie, le lien social créé autour des places de nos villes et villages.

Il faut continuer la centralisation

L’Etat replonge la France dans un modèle jacobin en imposant une vision de la « Région capitale – ville Monde de demain ».  Deux idées sous-tendent cette politique : concentrer les pouvoirs à Paris, près des gouvernants ; reprendre politiquement la main sur Paris et la région île-de-France.

On concentre une fois de plus  l’ensemble des ressources sur la Région Île-de-France, en appauvrissant les autres territoires, de leurs entreprises motrices, grandes écoles et universités, chercheurs…

Le projet encourage encore l’augmentation démographique en Île-de-France. Or le constat actuel montre que l’on vit de plus en plus mal dans notre région du à la surpopulation. Ceci va donc à l’encontre d’une politique raisonnable de décentralisation et d’incitation à repeupler nos provinces.

Ce projet peut donner à la France une visibilité internationale

Un argument récurrent consiste à faire entrer la France dans une logique de classement international. L’objectif pour le cluster Paris-Saclay est ainsi de briguer la 5ème place du classement de Shanghai.

Les classements restent contestables, le mode de notation est opaque. De plus ils évoluent et ne peuvent donc fournir un fondement raisonnable à la vision politique à donner à notre territoire. La véritable question reste : comment mieux vivre demain ensemble ?

Aujourd’hui la vrai problématique internationale qui émerge fait référence aux enjeux liés à l ‘environnement et au « développement durable ». On assiste en effet aux rachats importants de terres agricoles par la Chine en Inde. Ceci est un enjeu pour les générations à venir. Or le plateau de Saclay, constitue un ensemble de terres agricoles, ayant la réputation d’être les plus fertiles de France, proches d’un bassin de population important que constitue la région Île-de-France. Il faut donc chercher à préserver cette biodiversité riche et cette fonction agricole de ce territoire, en lien avec les promesses du Grenelle, encourageant l’agriculture de proximité, limitant les transports de marchandise et donc production de CO2.

Un projet « pharaonique » peut tout résoudre ou comment les rêves de M. Blanc vont nous mettre sur la paille

Le projet du « Grand Paris », et plus particulièrement celui de l’O.I.N. du Plateau de Saclay, est une idée non raisonnable. Comme Hausmann pour Paris, le président et son secrétaire souhaitent laisser une trace dans l’histoire.

La première annonce d’un gigantesque métro automatique, tel un coup de crayon porté sur une carte, traversant le Plateau, ne fait que renforcer l’incrédulité et les inquiétudes des habitants, des usagers, des associations et des élus locaux.

Le budget d’investissement est évalué à 21 milliards d’euros, non pris en charge par le grand emprunt. Connaissant le déficit actuel de la France, ceci fera peser une charge lourde sur les générations futures.

Rien n’est prévu pour le financement des infrastructures collatérales, à la charge des collectivités locales, ni pour le fonctionnement de cet équipement, à la charge de la Région à travers le STIF.

Enfin ceci ne permettra pas d’améliorer, ni d’entretenir, les infrastructures actuelles à la limite de la saturation et de l’usure. Comment pouvons-nous dès lors attendre 15 ou 20 ans ?

On peut se demander quelles sont les véritables motivations de la majorité présidentielle à ce sujet quand on connaît les relations étroites entre le président et de groupes immobiliers.

Le manque de concertation flagrant ne fait que renforcer le questionnement : à la fois de l’appropriation de ce projet, devenu un enjeu personnel du président, et sur les enjeux financiers qui y sont liés.

Article rédigé par Flavien Bazenet et Dimitri Tchoreloff

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