Transports Grand Paris: une alternative signée Castro

Les architectes du « Grand Paris », avec Roland Castro et Christian de Portzemparc, se sont sentis écartés de l’élaboration du projet mené par Christian Blanc et Marc Véron, présenté comme le projet du « Grand Paris »  par la Société portant ce nom  (la marque n’avait pas été déposée).

En observant la carte, on peut noter que Saclay serait relié via une branche de raccordement au réseau principal, à Vélizy-Villacoublay.

Voici deux extraits de presse, de Libération et du Parisien, avec le verbatim de l’intervention de Roland Castro lors de la réunion organisée par le CNDP.

Grand Paris, la solution des architectes

Ce « projet de compromis », comme  le définit Castro, se fonde sur trois principes.

Numéro un: « Il faut trois voies, pour pouvoir faire du cabotage et du rapide ». Concrètement, certains trains s’arrêtent à chaque station, d’autres filent en direct. Conséquence de cette approche, il faut « autant de gares que nécessaire pour desservir les gens », soit « pas quarante seulement ». Cette inflation de gares n’est pas vraiment prévue par le projet gouvernemental, vu le prix de ces équipements.

Deuxième principe: « Etre en aérien partout où c’est possible ». En particulier à l’Ouest, au dessus de l’A86, l’autoroute circulaire de la première couronne.

Troisième axe: « Récupérer l’existant dès qu’on peut ». C’est-à-dire, souvent, les voies ferrées là où elles existent, en particulier au Sud. Cette approche est défendue par la SNCF, qui a beaucoup mis en avant ses voies déjà là et les terrains qui les longent. Elle ne correspond pas du tout au choix d’un métro largement souterrain.

Enfin, pour la partie Est, les architectes veulent garder  le tracé par Clichy-Montfermeil.« Il faut mettre beaucoup plus d’argent à l’Est, sur les communes les plus pauvres », estime Castro. En particulier celui qu’on économise en récupérant l’existant.

(Libération)

Projet Roland Castro (Le Parisien)

Intervention de Roland Castro lors du Débat Public

L’architecte est intervenu lors de la réunion de lancement du 30 septembre 2010. Voici le verbatim de son intervention (site CNDP)

Roland CASTRO, architecte du Grand Paris : je vais quand même m’énerver, parce qu’il s’agit de deux ans de travail dans lesquels nous n’avons rien vu.

Je parle du travail technique lié à ce que j’appelle un grand métro. Je trouve d’ailleurs extrêmement désagréable que l’on nomme le Grand Paris, qui est une question bien plus grave, par l’expression grand métro. Il y a quand même eu énormément de travail dans les deux équipes sur les questions de la mobilité, et sur la politique de la mobilité.

Il y a notamment une série de choses qui ont été dites par bêtise, à savoir la qualité d’un métro aérien, c’est-à-dire la capacité d’embellissement de la ville formidable offerte par un métro aérien. C’est notamment possible pour certains aspects des tracés. Un élément identitaire extrêmement fort du Grand Paris, qui est connu de tout le monde, est l’A86.
Je pense que ce débat est aussi l’occasion d’avoir une discussion sur la politique des projets, et pas uniquement sur la technique. Par exemple, si nous parlons de mobilité dans le Grand Paris, il faut parler des bateaux sur la Seine. Il y a des tas de techniciens qui nous racontent des histoires à dormir debout, indiquant qu’il serait très dangereux d’avoir des services cadencés de bateaux sur la Seine. Il est vrai que c’est l’un des moyens de transport formidables auquel il faut penser.
Je signale que dans la réflexion que nous sommes en train de mener dans l’atelier du Grand Paris, nous allons amener une contribution de tout l’atelier au débat. Pour ce qui nous concerne, nous avons déjà réfléchi. Nous avons repris la proposition d’un métro aérien sur l’A86. Nous avons proposé que toutes les lignes du métro urbain actuel se terminent sur l’A86. Nous avons également raconté que ce qu’il y avait de mieux dans le projet Blanc était Montfermeil-Clichy-Chelles. Si nous regardons cependant un trajet A86, plus un appendice…
Une chose qu’il faut voir dans le projet Blanc par rapport à celui-là, c’est qu’il y a un rééquilibrage à l’est. Si nous parlons de solidarité dans le Grand Paris, cela signifie qu’il faut un rééquilibrage à l’est.

Deuxièmement, nous proposons qu’il y ait trois voies, et pas uniquement deux voies, de ce métro, afin de faire comme à New York et d’avoir des voies rapides et des voies de cabotage.
Le but est de parvenir à avoir 100 gares, et de pouvoir faire des choses très rapidement, et d’autres en perdant un peu de temps, mais pour que ce soit extrêmement désenclavant.
Mais je voulais dire que cela fait quand même un an que les architectes qui ont fait rêver sur le Grand Paris sont extrêmement maltraités et marginalisés. Leur enthousiasme n’a pas baissé, ce qui est incroyable. Nous sommes même restés copains, ce qui est invraisemblable.
Cela va finir par nous lasser.

Le tracé du projet « La Troisième Voie »

Article du Parisien

« Il faut sortir de l’affrontement stérile entre Etat et région, et surtout il faut aller vite, justifie l’architecte Roland Castro, porte-parole du groupe à l’origine de Troisième Voie. Nous proposons de construire le futur métro en aérien, au-dessus de l’A 86.

Les atouts de cette formule sont considérables :

d’abord, le terrain, on l’a, c’est.l’autoroute. Il est très facile de construire au-dessus, ça se fait partout dans le monde. On peut ainsi aller très vite, et surtout, c’est beaucoup moins coûteux que les projets pharaoniques de métro souterrain! Et puis surtout, l’aérien, c’est tellement mieux, tellement plus beau! » Pour l’instant, les architectes n’ont pas encore chiffré leur proposition.

Cette troisième voie reprendrait aussi la liaison à l’est de la Seine-Saint-Denis pour désenclaver Clichy-Montfermeil. « On rééquilibre à l’est en reprenant le tracé de Christian Blanc, mais on fait moins à l’ouest », poursuit l’architecte. Autre avantage de ce transport en aérien, il peut accueillir trois voies de circulation. « C’est un avantage énorme, explique Roland Castro. Cela permet d’avoir une circulation rapide et une autre lente. Donc, on multiplierait les gares: certains métros s’y arrêteraient et d’autres non pour aller plus vite, comme à New York. »

Une réunion est prévue demain matin autour de Roland Castro pour formaliser ce projet. Des architectes comme Christian de Portzamparc ou Yves Lion devraient être présents.

« Cette idée est intéressante, estime François Leclerc, autre architecte qui a participé à la consultation internationale du Grand Paris. Elle a l’avantage de proposer d’autres solutions, moins totalitaires et hégémoniques que celle de Christian Blanc.» Pour ces architectes, c’est aussi une façon de se réintroduire dans un débat dont ils avaient été écartés par les projets du gouvernement. Depuis deux ans, un atelier international du Grand Paris, censé regrouper tous ces professionnels pour poursuivre leur réflexion, attend toujours d’être créé.

« On est furieux! explose Roland Castro. On nous a vraiment pris pour des idiots. Alors maintenant, on s’exprime, et ça ne fait que commencer! »

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