Christian Blanc a démissionné. Peu de ceux qui ont suivi le dossier du Grand Paris ou celui de l’aménagement du Plateau de Saclay regretteront son départ.
En suivant ce projet, j’ai eu l’occasion d’entendre plusieurs témoignages de la difficulté de travailler avec lui, même avec un a-priori très positif. Les avis semblent unanimes, qui évoquent une gestion autocratique du dossier du « Grand Paris ». François Fillon lui-même avait subi les foudres de Christian Blanc pour avoir osé modifié un texte.
Michel Mercier le remplace. Nous pouvons aujourd’hui espérer une meilleure concertation autour de ce dossier, s’il a les mains libres.
Voici quelques extraits d’articles sur le départ de Christian Blanc (sans cigares)
Christian Blanc abandonne le Grand Paris
Le secrétaire d’Etat chargé du Développement de la région capitale paye-t-il, comme l’écrivent les Échos, les conséquences des cigares achetés avec les deniers publics, son manque de souplesse, notamment avec les élus ? Ou plutôt, renouant avec la série de démissions « de caractère » qui émaillent sa carrière, se serait-il agacé d’avoir à rendre des comptes à une opinion publique qui le juge sévèrement, à une autorité supérieure tout bonnement, et… aux élus qui le contestaient dans son projet et dans ses manières ?
Christian Blanc avait posé problème par le style secret, peu consensuel voire cavalier qu’il avait adopté dans son traitement du dossier du Grand Paris. Les confrontations avaient été nombreuses, tant avec ses collègues ministres, les équipes d’architectes consultées qu’avec les principaux élus de la Région.
L’État ne peut ici progresser que dans la concertation et il est probable que l’affabilité de Michel Mercier devienne un outil fondateur.
Réactions politiques
Voici des réactions d’hommes politiques à la démission du secrétaires d’Etat au Grand Paris, Christian Blanc (AFP):
– Jean Paul Huchon, président PS de la région Ile-de-France, « prend acte de la démission de Christian Blanc, annoncée par l’Elysée, preuve s’il en est d’une crise gouvernementale ». M. Huchon « qui n’a cessé de déplorer la méthode de travail du secrétaire d’Etat, attend désormais de l’Etat concertation et respect des collectivités locales dans la mise en oeuvre des grands projets d’aménagement de l’Ile-de-France »(communiqué)
– Marc Fesneau, secrétaire général du MoDem: « ces démissions sont logiques et étaient inéluctables au regard de ce qu’avait révélé la presse sur le comportement inadmissible de ces deux secrétaires d’Etat (…) Ils auraient dû quitter d’eux-mêmes le gouvernement pour des questions d’éthique et de cohérence. Ces démissions étaient nécessaires, elles ne seront pas suffisantes pour rétablir la confiance. En effet, au-delà des cas personnels, le MoDem demande à ce qu’enfin soient posées des règles claires sur les dépenses publiques liées aux fonctions des ministres et des élus. C’est à ce prix que la classe politique pourra enfin retrouver la crédibilité et la confiance qu’elle a trop souvent perdues ces derniers temps vis-à-vis des citoyens » (communiqué)
– Yves Pozzo di Borgo, sénateur Nouveau Centre, « salue le sens de la responsabilité de Christian Blanc », qui « manquera au Grand Paris ». « Il avait une vraie vision d’avenir de l’aménagement de la région parisienne. Il était un remarquable maître d’oeuvre de ce grand projet présidentiel, qu’il aura porté avec succès sur les fonts baptismaux » (communiqué)
Le Grand Paris poursuit sa route, Christian Blanc reste à quai
publié le 05 juillet 2010 sur www.localtis.info
Le secrétaire d’Etat au développement de la région capitale est contraint de quitter le gouvernement au moment où le chantier du Grand Paris ne fait que démarrer. L’ancien PDG d’Air France et de la RATP avait pris ses fonctions mars 2008 et il « démissionne » un mois après la promulgation de son texte très controversé. Entre la présentation du projet de loi du Grand Paris et son vote par les deux assemblées, les collectivités de tous bords n’ont eu de cesse de dénoncer un passage en force, des critiques unanimes à gauche mais rassemblant aussi une partie de la droite. Christian Blanc avait bien tenté une réconciliation fin mai mais c’est finalement le chef de l’Etat qui a pris les devants en réunissant au cours d’un déjeuner, le 10 juin, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, au côté de son ministre. Dans le même temps, le gouvernement s’est décidé à transmettre au Conseil d’Etat le schéma régional de développement de la région Ile-de-France (Sdrif), préalable nécessaire à la mise en œuvre de cet autre gros projet d’aménagement régional.
A présent, le dossier du Grand Paris va être confié Michel Mercier, ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, connu pour son sens de la diplomatie. Ce dernier d’ailleurs avait pris ses fonctions lors du remaniement de juin 2009 pour tenter de réconcilier le gouvernement avec les territoires, à la suite d’une gestion maladroite de nombreux dossiers, au premier rang desquels la réforme de la carte judiciaire.
Lancé en grand pompe par le président de la République au Palais de Chaillot en avril 2008, le Grand Paris se résume pour le moment au projet de métro automatique dont le coût estimé à plus de 21 milliards d’euros devra sans doute être réévalué. Le Parlement a en effet décidé la juxtaposition de deux projet : celui de « grand huit » porté par Christian Blanc et celui défendu par la région Ile-de-France d’Arc Express. Les deux projets feront l’objet d’un débat public concomitant à partir du mois d’octobre prochain jusqu’en janvier 2011. Christian Blanc avait annoncé le début des travaux en 2013 pour une mise en service en 2023. La société du Grand Paris (SGP) qui sera chargée de mener à bien les travaux dispose d’ores et déjà d’un « préfigurateur ». Or le poste a été dévolu à l’ancien directeur de cabinet de Christian Blanc, Marc Véron, nommé par un décret du 2 juillet 2010. Celui-ci était jusqu’ici pressenti pour prendre les rênes de la future SGP.M.T.
Quel « Grand Paris » sans Christian Blanc ?
Sur France-Info, un débat intéressant (suivre le lien pour l’écouter)
Le Grand Paris, c’était Christian Blanc qui devait l’incarner, le porter. C’est désormais Michel Mercier (Aménagement du territoire) qui gère le dossier. Mais de quel Grand Paris va-t-on désormais parler ?
Christian Blanc, l’ancien patron d’Air France et de la RATP, qui était en charge du « développement de la région-capitale » depuis mars 2008 au gouvernement, aura réussi à faire passer ce projet de « double boucle » de 130 km, pour un investissement non financé de 21,4 milliards d’euros. Un projet controversé…
Lors du débat parlementaire, le Grand Paris avait été critiqué par une partie de la droite et la gauche unanime avait fustigé un projet « autoritaire », « recentralisateur », au coût « pharaonique ».Le fumeur de cigares le plus célèbre de France se voyait presque en baron Haussmann Il se voulait le grand architecte du Paris du XXIe siècle. Mais ce grand projet lui vaut aujourd’hui nombre d’inimitiés, Jean-Paul Huchon, ancien camarade de promotion, en tête. Et dont le projet d’une rocade ferroviaire, (deux arcs de métro censés faciliter les liaisons banlieue-banlieue) a été abandonné au profit du projet de Christian Blanc..
Après la démission de ce dernier, que va devenir aujourd’hui le projet du Grand Paris ?
Pour en débattre :
- Sandra Moatti d’Alternatives Économiques,
- Nicolas Baverez, essayiste et économiste.
Le duel du jour : l’avenir du Grand Paris, après la démission de Christian Blanc (6’29 »)